Don/Particularité • Pas glob.
Description • Pas glob.

Elle se trouvera merveilleuse, quand vous lui trouverez des allures de petite pute précoce. Vous détesterez ces talons trop hauts, ces vêtements trop courts, ce déhanché insolent, et cette démarche. Fière, arrogante. Bancale. Elle marche en canard, manque de glisser, souvent. En fait, elle vous fera penser à une sale petite gosse de dix piges, celle qui veut faire sa maligne.

Sauf qu'elle en a vingt-trois. Même si ça ne se voit pas franchement. Agatha a l'âge de mettre des soutifs. Et tant pis si ses seins sont taillés comme des pépites. Enfin, elle y travaille encore. La dame n'a pas abandonné l'idée d'une croissance un brin plus tardive. Tant et si bien qu'elle se les masse chaque jour dans l'espoir de voir pousser un beau jour deux beaux melons. L'espoir fait vivre.
La nana est taillée comme un manche à balai. Fine au possible. Pire : osseuse. Elle a les côtes qui pointent, deux cure-dents pour représenter ses jambes. Filiforme. Et d'une taille plus que risible, pour accentuer l'effet maigrichonne. Un mètre cinquante tout rond, pour un visage de poupon.

D'un point de vue vestimentaire, hormis les vêtements courts, elle fait une véritable fixette sur les cravates, les noeuds papillons, les collants, les manteaux mais et surtout les bonnets.

Elle lit, à peine, et préfère se gratter l’oreille. D’un air las, elle laisse tomber sa lettre. Confortablement installée dans son fauteuil préféré, elle ose se jeter dans une vague et profonde réflexion. Un léger laps de temps, c’est ce que lui donne son pauvre taux de concentration. La vérité, c’est qu’elle a déjà abandonné. Au moment même où elle est sortie chercher son courrier. L’adresse a suffi à la faire déglutir et à se prendre une petite aspirine. Au final, elle écrase, agacée, la lettre qui repose sous ses pieds. Elle en fait un tas, habile, en même temps qu’elle joue avec les touches de son téléphone portable. Trois secondes. Le sms est envoyé. La lettre du terrible banquier rejoint celle de ses congénères, un peu plus loin. Une heure. C’est le temps qu’il faudra à son précieux acolyte pour débarquer, et décrypter son courrier. Puis, dans trois heures, elle sera en partance pour son rendez-vous chez son orthophoniste. Puis, en fin d’après-midi, chez son psy.

Là où on entend une phrase, Agatha n’entend qu’un agaçant charabia. Les gens baragouinent autour d’elle, et ça l’énerve. Elle parle à peine, essaye, crache une ou deux syllabes. Ni plus ni moins. Elle ne comprend pas les autres, et les autres ne la comprennent pas. Autant dire que la communication, pour la demoiselle, ce n’est pas encore ça. La vérité c’est que, la pauvre petite est atteinte d’aphasie partielle. Et qu’elle se fait très mal à l’idée. D’où les antidépresseurs, là, sur la table basse. D'où ces séances inutiles avec ce vieux schnock, le calvaire, quand elle doit lui expliquer les évènements de sa journée, la torture, quand il lui parle et qu'elle ne le comprend pas. La douleur du porte-monnaie quand elle doit lui payer ses honoraires, après avoir passé la séance à articuler trois phrases, et à ne comprendre que deux mots dans les siennes.

Son handicape la rend amer, désagréable. Elle se renferme, se coupe. Tout en restant dépendante des autres, sans ne jamais réussir à créer de liens. Tout du moins pas comme elle le souhaiterait. Différente, seule. Elle a fini par instaurer une barrière entre elle et les autres. Voir pire, à les mépriser. Elle rejette les groupes, les bandes, les gangs qu'elle ne rejoindra jamais. Faute de compréhension. Mais ce qu'elle haïe surtout, ce sont ceux qui, comme elle, sont différents. Mages, alchimistes, elle les déteste. Pire, elle leur tient des propos racistes et diffamatoires. Encore que, ça, ça datait de bien avant son aphasie. Enfin. Le tout est ensuite d'arriver à sortir ses insultes. Ce qui n'est pas une mince affaire en soit.

Agatha est colérique, nerveuse. Elle perd son sang-froid avec une facilité dérangeante, effrayante. Tant et si bien qu'il n'y a qu'une seule chose en plus des calmants ou autres drogues qu'elle pourrait utiliser, qui peut la calmer. La dame pour se détendre, écrabouille entre ses doigts, sous ses petits pieds voir même croque en bouche : des petits poissons rouges. Vivants, bien sûr. Morts ensuite, évidemment. Sinon, la nana, elle jette les objets, saute sur le portrait de votre photo, déchire feuilles, éclate toute merveille de technologie passant dans le coin. Voir pire : vous écrase soudainement le pied avant de s'en aller comme si de rien était. Difficilement supportable, je le conçois. Enfin. Un peu de compassion : elle est malade. Et l'excuse lui sert bien, parfois. Il faut bien avouer que la demoiselle a fortement tendance à abuser de la sympathie des gens à son égard, parce qu'il y en a qui en ont, pour faire passer quelques petits caprices. Et c'est bien la seule utilité qu'elle retire de son aphasie.

Et, parce que ce n'est pas qu'une garce sans coeur, il est bon d'ajouter qu'Agatha sait apprécier les gestes d'affection qu'on peut lui témoigner. Même si certains ne sont pas toujours très bien compris, au moins elle essaye de rendre l'intérêt qu'on peut lui porter. Même si, faut bien l'avouer, ça dépend surtout de son humeur et de la tête de la personne. Alors il n'est pas rare pour notre petite sauvage d'abandonner quelques instants son odieux tempérament pour s'adonner à un ou deux câlins.
Sinon, pour le mot de la fin. Négatif à souhait. Agatha est une radine qui arracherait un doigt à un mendiant, pour peu qu'il ne voudrait pas lui donner sa pièce. Et enfin, elle peint à ce jour des fleurs. Toujours les mêmes, moches, qu'elle refile en guise d'affection et de remerciements aux gens qu'elle estime. Voyez que, quand il n'est pas question d'argent, la dame fait preuve d'une extrême bonté.